Poser du carrelage sur l'existant : 5 inconvénients majeurs à connaître avant de commencer

Poser du carrelage sur l’existant : 5 inconvénients majeurs à connaître avant de commencer

Envisager la pose de carrelage sur un revêtement existant peut sembler une solution pratique pour rénover un sol sans se lancer dans des travaux de démolition fastidieux. Cette technique, appelée « pose collée sur l’ancien carrelage », séduit par sa promesse d’économie de temps et d’argent. Pourtant, cette méthode présente des inconvénients significatifs qui méritent d’être examinés avant de prendre une décision. Un examen approfondi de ces désavantages s’impose pour éviter des déconvenues coûteuses sur le long terme.

Ce qu’il faut retenir

  • La surélévation du niveau du sol crée des problèmes d’ouverture de portes et de raccordements
  • Le risque de décollement augmente avec le temps, surtout sur un support ancien
  • La résistance mécanique de l’ensemble est compromise par la superposition
  • Le poids supplémentaire peut fragiliser la structure du bâtiment

Surélévation du sol : problèmes d’accessibilité et de jonctions

L’inconvénient le plus immédiat de la superposition de carrelage concerne la surélévation du niveau du sol. En ajoutant une nouvelle couche de carrelage, l’épaisseur totale augmente d’environ 1,5 à 2 cm, incluant le carreau et la colle. Cette modification peut sembler minime, mais ses répercussions sont considérables.

Premier impact visible : les portes ne s’ouvrent plus correctement. Elles frottent contre le nouveau sol, nécessitant un ajustement ou parfois même un remplacement complet. Les menuiseries intérieures deviennent ainsi un poste de dépense supplémentaire imprévu, augmentant significativement le budget initial.

Les jonctions avec les autres revêtements constituent un autre défi majeur. Des raccords disgracieux apparaissent aux seuils des pièces lorsque le carrelage superposé crée une marche imprévue. Cette différence de niveau peut représenter un risque de chute, particulièrement pour les personnes âgées ou à mobilité réduite.

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Le tableau ci-dessous détaille les épaisseurs typiques ajoutées selon le type de pose :

Type de pose Épaisseur de colle Épaisseur du carreau Épaisseur totale
Pose collée standard 5 mm 8-10 mm 13-15 mm
Pose avec ragréage préalable 8-10 mm 8-10 mm 16-20 mm
Pose avec système de désolidarisation 12-15 mm 8-10 mm 20-25 mm

Adhérence compromise et risques de décollement

La qualité d’adhérence entre l’ancien carrelage et le nouveau constitue un point critique souvent sous-estimé. L’efficacité de la liaison dépend entièrement de l’état du support existant, qui a déjà subi les affres du temps et de l’usure.

Les carreaux existants présentent généralement une surface vitrifiée peu propice à l’accroche des colles. Malgré les primaires d’adhérence disponibles sur le marché, le risque de décollement reste significativement plus élevé qu’avec une pose sur support neuf. Les experts de Cémex France soulignent que l’adhérence peut diminuer de 30% par rapport à une pose traditionnelle.

Les joints entre les anciens carreaux constituent des zones de faiblesse particulièrement problématiques. Ils créent des discontinuités dans le support qui peuvent se répercuter sur le nouveau revêtement par effet télégraphique. Ces microfissures deviennent des points d’entrée pour l’humidité, accélérant la dégradation de l’ensemble.

Voici les principaux facteurs affectant l’adhérence :

  • État de surface de l’ancien carrelage (porosité, rayures, usure)
  • Qualité et régularité des joints existants
  • Présence d’humidité résiduelle dans l’ancien support
  • Variations thermiques et mouvements du bâtiment
  • Compatibilité chimique entre les différents matériaux

Fragilisation structurelle et charge excessive

Le poids supplémentaire généré par la superposition de carrelage représente une charge non négligeable pour la structure du bâtiment. Un carrelage standard pèse environ 20 kg/m², auxquels s’ajoutent 5 à 8 kg/m² de colle. Pour un appartement de 70 m², cela représente plus d’une tonne et demie de charge additionnelle.

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Cette surcharge peut s’avérer problématique particulièrement dans les bâtiments anciens ou les constructions légères dont les planchers n’ont pas été dimensionnés pour supporter ce poids supplémentaire. Les ingénieurs de Bureau Veritas recommandent systématiquement une étude de charge avant d’envisager ce type d’intervention dans les immeubles construits avant 1970.

La multiplication des couches superposées affaiblit également la résistance mécanique de l’ensemble. Les forces sont transmises différemment à travers ces multiples interfaces, créant des points de tension qui peuvent provoquer des fissures ou des ruptures lors de chocs ou de charges ponctuelles importantes.

L’acoustique du logement peut également être affectée. La transmission des bruits d’impact (pas, chutes d’objets) est modifiée par cette nouvelle configuration, généralement dans le sens d’une amplification des nuisances sonores, particulièrement problématique en copropriété.

Durabilité réduite et performances thermiques altérées

La durée de vie d’un carrelage posé sur l’existant s’avère significativement inférieure à celle d’une installation traditionnelle. Les études menées par les laboratoires de Centre Scientifique et Technique du Bâtiment montrent une réduction de longévité pouvant atteindre 40%, principalement due aux problèmes d’adhérence et aux contraintes mécaniques évoquées précédemment.

L’entretien devient également plus complexe avec le temps. Les carreaux superposés peuvent présenter des mouvements différentiels qui favorisent l’accumulation de saleté et compliquent le nettoyage. Les joints, zones particulièrement sensibles, se dégradent plus rapidement et deviennent poreux, nécessitant des réfections plus fréquentes.

Sur le plan thermique, l’ajout d’une couche supplémentaire modifie les performances du sol. Dans le cas d’un plancher chauffant, l’efficacité du système diminue car la chaleur doit traverser une épaisseur plus importante avant d’atteindre la surface. Cela se traduit par une augmentation de la consommation énergétique et une réactivité moindre du système de chauffage.

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Solutions alternatives plus pérennes

Face à ces inconvénients majeurs, des alternatives existent pour rénover un sol carrelé sans se lancer dans une superposition hasardeuse. La dépose complète de l’ancien revêtement reste la solution la plus fiable, malgré le surcoût initial qu’elle représente.

Les systèmes de désolidarisation constituent une option intermédiaire intéressante. Ces nattes spéciales, proposées par des fabricants comme Schlüter Systems, s’intercalent entre l’ancien et le nouveau carrelage pour absorber les contraintes et limiter les risques de fissuration et de décollement.

Les revêtements alternatifs comme le vinyle, le stratifié ou les sols résine offrent des solutions de faible épaisseur, adaptées à la rénovation sans dépose. Leur légèreté et leur flexibilité permettent de s’affranchir de nombreux problèmes liés à la superposition de matériaux rigides comme le carrelage.

Pour les budgets plus conséquents, le micro-ciment ou les bétons cirés représentent des alternatives haut de gamme qui peuvent être appliquées en fine couche sur l’existant après une préparation adéquate, offrant un résultat esthétique contemporain sans les inconvénients structurels du double carrelage.

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